Derniere attaque en date, une pétition qui s'en prend au
ministre Hasanbegović, accusé pele-mele de
révisionnisme, de nostalgie oustachie, de sympathies
génocidaires et d'hostilité aux valeurs de l'Union
européenne. Jeune historien de 43 ans, le ministre doit
etre un peu surpris de se retrouver ainsi dans l'oil du
cyclone. Il doit probablement s'Ă©tonner aussi de voir se
mobiliser contre lui toute une ribambelle de
"consciences morales" du calibre de Toni Negri, condamné
autrefois a 30 ans de réclusion pour meurtres,
qu'escortent quelques personnages plutĂ´t incongrus (en
tout cas lorsqu'on parle d'affaires croates), comme
l'universitaire macanaise Wong Yi-Lee, le comique
français Michel Boujenah, le député juif australien
Michael Danby, ou encore deux rescapés du génocide
rwandais (Jean de Dieu Mirindi et Charles Habonima) et
une brochette de féministes américaines. Ces gens-la
seraient-ils meme capables de situer la Croatie sur une
carte? On en doute un peu.
Ajoutez encore a cela l'inévitable
Caroline Fourest, le pathétique Finkielkraut (qui
court désespérément apres l'extreme-gauche alors que
celle-ci lui crache dessus) le cinéaste Elie Chouraqui
et le dramaturge Dario Fo, et vous obtenez un cocktail
pour le moins saugrenu.
Le côté insolite de l'opération ne se
limite pas aux signataires de la pétition mais il
concerne aussi les media qui s'en font les véhicules.
En France, c'est Libération (23.05) qui s'y connaît en
matiere de génocide puisqu'il s'enthousiasma autrefois
pour le bon Pol Pot et ses sanglants collegues de
l'Angkar. Nul doute que ce journal soit le mieux placé
pour donner des leçons. En Suisse, on trouve Le Temps
(30.05) qui fait carrément dans le catastrophisme le
plus ridicule en annonçant a ses lecteurs qu'en
Croatie, "on va bientĂ´t se mettre a bruler les livres"
- un peu comme a la fin des années 1960, lorsque les
tribunaux helvétiques faisaient bruler l'ouvrage d'un
certain Dr Mathez (1)?
A Bruxelles, c'est La Libre Belgique (28.05) qui s'emmele un
tantinet les pinceaux : elle accuse, en effet, le nouveau gouvernement croate
d'etre a la fois "ultranationaliste, catholique intégriste et ultralibéral", ce
qui paraît pour le moins contradictoire. Ensuite et sans doute en guise
d'illustration de l'intégrisme catholique, elle vilipende M. Hasanbegović,
oubliant sur sa lancée que ce monsieur est un musulman pratiquant et que sur
beaucoup de points, il déclare s'inscrire dans la lignée intellectuelle du paien
Alain de Benoist. Mais au diable la cohérence: le tout c'est d'attaquer tous
azimuts et d'essayer a tout prix d'abîmer l'image d'un homme et d'un pays!
Faut-il préciser pour conclure que ce
déluge d'insanités ne possede aucun fondement? Dans
une déclaration en date du 26 janvier 2016, Ivan
Zvonimir ÄŚiÄŤak, ancien dissident (longuement
emprisonné par la Yougoslavie communiste), grand
défenseur des droits de l'homme et actuel président du
Comité Helsinki de Croatie, fait litiere de toutes les
accusations qui visent M. Hasanbegović. Il parle "des
attaques diffamatoires et des mensonges" dont le
ministre est la cible et dénonce clairement l'usage
frauduleux que certains font de l'antifascisme pour
tenter de justifier les abus et les crimes de l'ancien
régime communiste et de la Yougoslavie. Par ailleurs,
dans un autre déclaration, en date du 31 janvier 2016,
77 historiens croates (dont plusieurs universitaires)
et 67 personnalités diverses de la communauté
académique et scientifique (dont trois académiciens)
apportent leur soutien au ministre et expriment leur
inquiétude face aux amalgames et déformations qui ont
pour but de le "disqualifier politiquement,
professionnellement et moralement".
Toute a la
crainte de perdre définitivement son hégémonie
culturelle dans plusieurs pays européens et notamment
en Croatie, une certaine intelligentsia de gauche fait
feu des quatre fers pour tenter de discréditer ses
adversaires et sauver ses prébendes. C'est dans ce
cadre-la qu'il faut situer les actuels boniments et
calomnies qui visent Zlatko Hasanbegović. Au sortir de
45 ans de tyrannie communiste et en l'absence
regrettable de toute lustration, la Croatie ne manque,
hélas, pas de traîtres, de défaitistes, d'embusqués,
de rescapés ou de sycophantes des polices politiques
d'antan, et d'antipatriotes de tout poil: longtemps
bénéficiaires d'une totale impunité, ces gens ont
désormais peur de perdre leurs sinécures, notamment
dans les secteurs de la presse et de la culture, et
ils attaquent. Ils le font avec leurs armes
traditionnelles, le mensonge, la médisance,
l'insinuation, l'imposture, et ils peuvent compter
comme toujours, dans le monde entier, sur une immense
armée d'acolytes, de naifs et de crétins. Tout cela
est de l'intox, ni plus ni moins, et bien sot serait
celui qui s'y fierait. Espérons en tout cas que les
droites européennes ne se laisseront pas une fois de
plus embobiner car pour l'instant, le moins que l'on
puisse dire, c'est qu'en matiere de solidarité avec la
droite croate, elles auraient plutĂ´t tendance a se
hâter tres, tres lentement.
Christophe Dolbeau
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2016/06/02/une-cabale-anti-croate.html
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